
Chez Corsair, pas d’avions sans « Elles »
A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Corsair donne la parole à trois de ses collaboratrices.
Sophie Lecompte – Pilote – OPL A330 :
Pourriez-vous nous décrire votre métier ? Si être pilote est un métier technique, il reste généraliste dans de nombreux domaines tels que la mécanique, l’aérodynamique, la météo, la navigation, la réglementation etc, sans oublier l’aspect manœuvrier des avions, c’est à dire le pilotage à proprement parler.
Au-delà de ces différents points, l’aspect humain est essentiel. Etre pilote, c’est appartenir à un équipage, une équipe. Il faut donc savoir manager cette équipe. Notre but est de faire atterrir notre avion en toute sécurité à destination. Une équipe est composée de navigants, de mécaniciens, d’agents opération, du personnel pour charger l’avion… La cadence de cette équipe est donnée par les pilotes. Savoir parler aux gens, savoir leur faire confiance et surtout savoir les écouter est primordial !
Être pilote, c’est aussi avoir un grand sens des responsabilités et savoir prendre des décisions. Les gens nous font confiance et nous confient leurs vies. L’avion est un moyen de transport parfois redouté par des clients, notre rôle est de leur donner confiance. C’est ce sentiment que j’essaie de transmettre à chacun de nos passagers. Je souhaite qu’ils soient rassurés à bord de mon avion, lorsque je les transporte. Transporter des passagers ou du fret, c’est aussi participer au développement économique des destinations desservies. En tant que pilotes, nous sommes quelque part des liens entre ces différents pays. Et j’aime aussi à croître que nous sommes vecteurs d’un certain bonheur lorsque l’on permet à des gens de partir en vacances.
Pilote, c’est aussi faire partie d’une entreprise qui par son pavillon représente un pays, nous nous devons d’adopter et de respecter un certain savoir-faire et savoir-être.
Pourquoi avoir choisi de devenir pilote ? J’ai toujours été fascinée par le vol. Et aujourd’hui encore, même si je connais et je comprends les lois physiques qui font qu’un avion décolle, j’en reste toujours subjuguée.
Petite, j’aimais l’école, j’aimais apprendre et je pensais que piloter un avion ou conduire un camion se faisait de la même façon. Je me souviens d’une émission de télévision de Michel Drucker qui présentait des femmes faisant des métiers « dits d’homme ». Une femme était pilote chez Air France et lorsqu’elle a eu terminé son exposé j’ai dit à mes parents « je ferai ça ». Mon père m’a répondu « il va falloir travailler dur ». C’est exactement que j’ai fait. Mes parents m’ont soutenue, m’ont accompagnée dans mes démarches d’orientation. Et je les en remercie encore pour les efforts énormes qu’ils ont fait pour moi. Même si le chemin n’a pas toujours été facile, la vie que m’apporte ce métier est fabuleuse tant professionnellement que personnellement. J’ai le privilège de pouvoir profiter de mes temps de repos de façon agréable.
Est-ce un challenge d’être une femme pilote ? Je ne pense pas qu’être une femme pilote soit un challenge. Dans mon métier je suis asexuée. Je n’ai jamais eu aucune revanche à prendre sur la gente masculine. Être une femme n’est pas un handicap. Les générations précédentes de femmes pilotes ont sans doute souffert de misogynie. Mais arrêtons maintenant de nous placer en victimes. Chaque femme a l’opportunité de pratiquer ce métier. Le challenge, s’il en est un, n’est un challenge que pour les femmes qui se sont mises elles-même des barrières.
Une bonne idée pour améliorer la mixité et l’égalité au sein des entreprises ? Pour que les femmes viennent à ce merveilleux métier il faut leur dire qu’il est accessible. Mais il faut aussi qu’elles arrêtent de se mettre des barrières là où il n’y en a plus. Si une femme était venue dans mon école il y a 25 ans je l’aurais regardée avec des étoiles plein les yeux. Je pense que c’est ainsi que se créent des vocations. En revanche en aéronautique comme ailleurs je trouve aberrantes les lois sur la parité. Ce n’est pas parce que l’ENA est ouverte aux femmes que plus de femmes s’y sont précipitées. Lorsque l’on voit une femme à un poste soi-disant masculin combien de fois le doute s’installe : est-elle là pour ses compétences ou pour permettre de cocher la case « parité/ quotas » ? Et si tout simplement on laissait les gens choisir leur devenir sans « genrer » les métiers. Mais le vrai travail à faire est d’arrêter de vouloir féminiser à tout prix les noms de métiers. Restons le plus générique possible et chacun saura s’identifier à un descriptif métier.
Aurélie FAIVRE – Responsable Sûreté et Opérations Sol
Pourriez-vous nous décrire votre métier ? J’exerce la fonction de Responsable Sûreté et Opérations Sol. Mon métier consiste à assurer, définir et vérifier l’application des procédures de traitement de nos avions, de nos passagers et du fret. La sécurité et la sûreté des opérations pour l’ensemble de nos escales doivent être garanties. J’apporte également les supports liés à la gestion des projets exploitation tels que l’enregistrement sur bornes libre-service et dépose bagages automatiques, ouverture de lignes, la gestion des vols spéciaux et la logistique nécessaire au bon fonctionnement des escales. Et ce grâce à une équipe de 8 collaborateurs parfaitement rodés à la maîtrise des opérations sol.
Pourquoi avoir choisi de devenir Responsable Sûreté et Opération sol ? J’ai intégré Corsair en 2003 en tant que Responsable Assurance Qualité pour les Opérations Sol. Cette fonction m’a permis de développer l’expertise nécessaire dans ce domaine et ainsi de pouvoir prétendre légitimement à un poste d’encadrement au sein de cette Direction. Ceci a constitué une opportunité et une continuité dans mon parcours au sein de la compagnie.
Ce métier est généralement plutôt tenu par des hommes, est-ce encore un challenge pour une femme d’occuper ce type de fonction ? A mon sens, non. Il y a une multitude de fonctions engagées sur le traitement des opérations sol, les chefs d’escale, les équipes au contact direct des clients, et des équipes de pistes entre autres. La légitimité et la crédibilité se gagnent par la qualité du support et du contact avec tous ces intervenants. Il m’arrive également de prendre la main sur l’exploitation et soutenir les équipes lors d’événements majeurs. Je citerais le déménagement complexe de l’aéroport de Dakar ou l’attaque terroriste d’Orly. Ce sont des situations difficiles, inhérentes à la fonction des personnels escales. Elles laissent des souvenirs indélébiles.
De plus, toutes les escales ont leurs particularités culturelles, et il peut être difficile d’asseoir son autorité à la première rencontre pour une femme, à cette fonction, que ce soit vis-à-vis de nos prestataires ou des services de l’état. Cela nécessite adaptation et professionnalisme afin de rappeler les enjeux de ma position. Et cela paye.
Une bonne idée pour améliorer la mixité et l’égalité au sein des entreprises ? La représentation des femmes au sein des instances dirigeantes et stratégiques des entreprises est encore trop faible dans notre pays. Il serait opportun de reconnaître le potentiel des femmes à sa juste valeur, identifier et accompagner les femmes de talents afin d’accélérer la mixité au sein des organisations.
Ludivine BECOYE – Responsable logistique
Pourriez-vous nous décrire votre métier ? La logistique aéronautique consiste à mettre à la disposition de la production, tous les moyens matériels nécessaires à la réalisation des tâches de maintenance. Nous devons gérer les stocks de pièces de différents types : outillage pouvant être soumis à étalonnage ou calibration (clé à torquer, mégohmmètre…), consommable dit à usage unique (joint, vis…) ingrédients parfois soumis à péremption (mastic, huile, graisse…) et autres tels que les moteurs, pièces de voilure, boitiers de commande…. Nous sommes régulièrement soumis à des audits, que ce soit en interne de la part de notre Service Assurance Qualité mais aussi externes via les Autorités de référence (OSAC).
Pourquoi avoir choisi de devenir Responsable logistique ? Je travaillais à l’époque chez un MRO (Maintenance, Repair and Overhaul) en tant qu’acheteuse, et j’ai eu l’opportunité de créer le service logistique d’un autre MRO. Ce challenge m’a paru intéressant. J’ai donc accepté de relever le défi au sein de Corsair.
Ce métier est généralement plutôt tenu par des hommes, est-ce encore un challenge pour une femme d’occuper ce type de fonction ? Je dirai que oui, notamment pour les réunions de travail auxquelles je participe, dans 98% des cas je suis la seule femme. C’est un monde masculin, aussi, il faut parfois savoir s’imposer pour être écoutée.
Une bonne idée pour améliorer la mixité et l’égalité au sein des entreprises ? Je pense qu’il faut arrêter de poser cette question aux femmes ! Lorsque qu’une femme constate un manque de parité, on la catalogue comme féministe, lorsque ce constat vient d’un homme, son constat est pertinent. Quoi qu’il en soit, la parité est possible, je suis très heureuse d’annoncer que c’est le cas au sein de la Direction Technique à laquelle j’appartiens.