
Le Malecón, balade incontournable de la Havane
A la Havane, le Malecón longe le front de mer sur 8 km, de la Havana Vieja au Vedado. Entre hauts buildings, jolies casas cubaines et vieilles voitures américaines, on flâne en regardant l’horizon qui s’enfuit vers le détroit de Floride.
Petite historie de l’avenue Maceo
Les premiers aménagements du front de mer de La Havane datent du début du XXe siècle. Il était destiné à protéger la côte des vagues et des puissants vents du nord, Los Nortes, en commençant par la vieille ville, et la forteresse San Salvador de la Punta.
L’avenue Maceo voit le jour en 1901. Le nom officiel du Malecón – « front de mer » en espagnol- commémore Antonio Maceo, un combattant pour l’Indépendance cubaine. Les travaux ne finiront que dans les années 60 : régulièrement frappé par les vagues, le Malecón a souvent souffert des assauts de la mer des Caraïbes. Il a fallu reconstruire, renforcer, changer le tracé… Et les évènements politiques et économiques cubains n’ont pas vraiment facilité la continuité des travaux.
En 1952, le dernier tronçon, jusqu’au fleuve Almendares, est enfin terminé.
Les incontournables de La Havane en une seule balade
Le Malecón est un concentré de patrimoine culturel et architectural cubain.
Encore aujourd’hui, Le front de mer est l’une des balades préférées des visiteurs comme des habitants de La Havane. Les cubains aiment y flâner, pêcher, s’amuser… Le soir, beaucoup s’y retrouvent, pour écouter de la musique, admirer les belles voitures, ou encore danser en regardant la mer sous le clair de lune.
Longeant trois quartiers typiques de la ville, on y voit une succession d’époques et d’influences au travers de ses bâtiments. Du côté de la forteresse San Salvador de la Punta, on y voit les belles maisons typiques de La Havana Vieja, de style authentiquement colonial. Le quartier est classé au Patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
Aux maisons colorées des XVIIIe et XIXe siècle succèdent les bâtiments du XXe siècle, d’un style néo-classique, aux ornements de colonnes et de pilastre. Au parc Antonio Maceo se dresse une statue de celui qui a donné son nom au Malecón, et la tour de San Lazaro, tour de guet construite par les conquistadors espagnols au XVIIIe siècle.
En continuant la promenade, on passe dans le quartier de Vedado, et devant l’Hotel national, typique des années 30. Il est lui-même classé à l’héritage culturel du monde par l’UNESCO depuis 1982, notamment pour ses intérieurs de bois précieux et de carreaux de céramique. Il a accueilli Frank Sinatra, Winston Churchill, Ava Gardner… Aujourd’hui, il compte parmi l’un des plus luxueux hôtels de La Havane.
La plaza de la Dignidad est une place de symboles, qui témoignent avec force de la Guerre froide entre Cuba et les Etats-Unis. Sur la place, ce qui devait être la seconde ambassade américaine de La Havane avait été inaugurée en 1953 alors que commençait la révolution cubaine contre le gouvernement de Batista. Elle ne fut pas ambassade, mais Section des intérêt américains, ou SINA, sous contrôle de l’Etat cubain. Depuis décembre 2014, avec le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, elle est redevenue l’ambassade des Etats-Unis, et le drapeau américain flotte de nouveau sur le bâtiment. La place reste marquée d’un conflit omniprésent, entre panneaux et écriteaux anti-Etats-Unis.
La tribune anti-impérialiste José Marti, dominée par la statue du poète révolutionnaire fait face à l’ambassade, comme un défi. Et comme un voile devant les fenêtres de l’ambassade se dressent le Monte de las Banderas : 138 drapeaux cubains volent du haut de leur mâts. Inaugurés en 2006 par Fidel Castro, ils étaient alors noirs, marqués d’une étoile blanche, et sont aujourd’hui aux couleurs cubaines. Ils représentent les années de luttes entre Cuba et les Etats-Unis, marquées par des attentats successifs contre Cuba, soutenus par les services secrets nord-américains. L’Etat cubain ressence 3478 victimes depuis 1959.
Plus loin, en continuant vers l’Ouest, le poète Jose Marti a aussi son complexe sportif. Football, athlétisme, lutte, gymnastique, boxe, basketball, natation, waterpolo, plongeon… les nombreux équipements devaient accueillir les sportifs de haut niveau, et le centre de formation des professeurs d’éducation physique. Construit en 1940 sous le gouvernement de Batista, son architecture est remarquable : il devait être un témoin de la grandeur cubaine. Aujourd’hui le complexe est abandonné, faute d’entretien.
En face du complexe se trouve la statue de Calixto Garcia, général de l’indépendance cubaine.
Le Malecón prend fin à l’embouchure de l’Almendares, à la tour de la Chorrera, ou, de son vrai nom, la Fuerte de Santa Dorotea de la Luna de la Chorrera. Erigée en 1646, plusieurs fois démolie, plusieurs fois reconstruites, elle était une tour de guet destinée à prévenir l’incursion des envahisseurs dans les terres par l’embouchure du fleuve.